J'en ai bien ras-le-bol !
C’est une âme chagrinée qui vous parle, une âme brisée, fragmentée, désemparée, déprimée, méloncolique, malheureuse…J’ai envie de mourir, non pour cesser de vivre mais pour vivre mieux, mais aurais-je une vie meilleure après ma mort ? De toute façon je ne peux pas mettre fin à ma vie aussi facilement à cause de cette peur du ciel et des hommes qu’on m’a inculquée...
Je suis née femme et j’ai appris à le devenir, je porte en moi des malaises ambigus, des ambivalences et des contradictions étranges, un amalgame qui comble mes abîmes intérieurs et justifie mon existence. Je suis une femme contrariée, voilà ce que je suis. Contrariée à la maison, au boulot et même en amour. On me dit jamais les mots qui me plaisent, on m’aime jamais comme j’espère, on me comble jamais comme je désire, personne n'a pu franchir les murs qui se dressent à moi, personne n'a pu caresser mes blessures et mes faiblesses, personne ne peut être l’amant dont je rêve...Amant ? Si on m’entendait, on me guillotinerait sur la grande place public, alors vaut mieux dissimuler cette envie folle d’en prendre un…je n’ai pas le droit alors autant oublier !!!
Je suis une femme qui avait toujours une ambition démesurée, une rage de réussir, de s’en sortir, de s’affirmer, qui vit sa condition non pas comme injustice mais comme énorme difficulté, qui refuse de se résigner à la vie facile, plate, routinisée et endormante, qui préfère devenir la bête noire des hommes plutôt que leur petit chouchou adoré… C’est pour ça que j’ai choisi des études de médecine, pour m’affirmer en tant que FEMME, chose que j’ai trouvée plus difficile que de m’affirmer en tant que MEDECIN.
Être une femme n’est plus un statut luxueusement confortable quand celle-ci ne veut être ni pute ni soumise et le fait de devenir médecin transforme cette existence en un étrange drame qui porte malheur aux hommes.Cette mentalité affreusement misogyne me met dans un sal état fait de rancoeur, d'amertume et de révolte...
Mais être médecin ne m’excite plus! J’en ai marre de passer ma vie dans les couloirs des hôpitaux où il y a que des êtres en blanc contrariés tout le temps, j’en ai marre de cette vie artificielle où tout est pâle, j’en ai marre de la maladie et des médicaments qui ne font qu’endormir l’âme au lieu de la guérir, marre de frôler la mort, marre de consoler les gens, marre de me sentir désolée pour leurs malheurs, marre de les ouvrir, marre de voir leurs tripes, marre de réparer leurs erreurs, marre d’assumer leur irresponsabilité, marre de rentrer tous les soirs crevée et énervée, marre de l'ironie asphyxiante du chef de service, marre des lourdes plaisanteries des infirmières, marre des visages crispés des collègues, marre de jouer au Sganarelle! Le show est terminé et le clown est triste !!!
Et si je faisais un enfant ? mais sans être mariée, un petit bébé, qui me comblera et qui apaisera ma psychose à tout jamais…ça étonnera bien tout le monde…un enfant de moi qui ressemblerait un peu à mon père, à mes bons côtés, à mes flagrantes imperfections, à mon tempérament changeant, à mon sal caractère…un enfant que je l’élèverai toute seule comme une lionne…un enfant qui sera mon cupidon oublié des cieux et qui me fera rire tout les soirs, qui me fera boire d’énormes rires au lieu des rires saignants qui remplissent ma vie…mais faire un enfant comme ça, c’est un crime absolu…je n’ai pas le droit !!!!
C’est pour ça que j’ai envie de mourir, de mourir pour vivre, pour renaître dans une autre vie, sous une autre forme, dans un monde où je serais autre que cette femme contrariée, une vie où il y a pas de noms lourds à porter, pas de regards cruels à fuir, pas d’éloges ni de critiques, une vie où on est libre…une vie où je ne souffre jamais, une vie où je ne nais pas d’un cri mais d’un rire aussi vieux que le monde, une vie où l’on meurt aussi mais de plaisir…Vivre et mourir de plaisir puis renaître cent fois, mille fois...une vie où l’œil sait toucher et le cœur sait voir…cette vie bénite n’existe pas...mais laissez moi en rêver…laissez moi m’évader des enfers clos de la solitude vers les jardins vastes de l’amour… laissez moi remplacer les cris par des chants, par des louanges même si elles n’atteignent pas les cieux…laissez moi remplacer la douleur par la joie de porter un enfant, la peur par la sérénité de l’âme… Laissez moi renaître de mes cendres… J’ai tant d’amour dans mes veines, j’ai tant de rêves même quand la nuit s’achève, j’ai tant d’espoirs à semer…laissez moi recommencer ma vie, je vous en supplie…
Pourquoi devrais-je vous supplier ? C’est mon DROIT !!! Détrompez vous ! Vous m’avez choquée, détruite mais je rebondis… Je me libère de tous les poids que vous m’avez mise sur l'épaule et que j’ai porté docilement bien avant ma naissance. Je gomme et dégomme tous les mots qui m’ont faite pleurer, les idées macho qui m’ont tellement dérangée... Je vous paie la rançon de Ma Liberté. Dorénavant je m’écouterai moi-même et je vivrai la présence de l’ Amour que j’ai tout le temps recherché…Vous vous y attendez pas trop, n’est ce pas ? Et bien le génie vient de sortir de sa bouteille et il n’y reviendra plus !!!
Je vais tout risquer même vous déplaire, je n’ai jamais su que me taire ! Alors ASSEZ !!! BARAKA !!! Je me fous de vos vieilles traditions, je me moque de vos interdits, de vos tabous…Que le temps s’arrête, et que je pousse mon sanglot révolutionnaire dans ce silence meurtri! Que ce deuil éternel s’achève! Et que toutes les femmes se couronnent reines ! Puis que le temps reprenne son parcours et qu’il emporte avec lui cette peine à jamais et que le royal rêve recommence…le rêve de la LIBERTE, liberté chérie...
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