Parlons-en!
Aida, trente-cinq ans, mariee et maman comblee de deux enfants, est cadre dynamique dans une boite privee a casa. Son boss apprecie son professionnalisme, ses collegues adorent son humour.
Mais voila que depuis quatre mois, Aida a change. Et ca tout le monde s'en est aprecu. Elle s'absente de plus en plus en presentant des certificats maladies plus faux les uns que les autres, et surtout, sa gaiete s'est estompee. Aida n'aime plus rire, du tout.
Dans sa vie de couple, rien ne va non plus. Elle a demande a faire chambre a part sans donner de raison valable a son mari. Ce dernier comprehensif et patient, n'a meme pas ose poser de questions quand elle decida de prendre un conge et d'aller faire un voyage avec ses copines "histoire de se ressourcer et de remettre ses idees en place". Car il faut le dire, Aida, sa femme qu'il aime toujours, est devenue irritable, voire meme des fois invivable, et il esperait qu'une fois loin du stress du boulot et de la maison, elle redeviendrait comme avant... a moins que... non.. Aida aurait-elle rencontre quelqu'un d'autre?
A son retour, et comme l'esperait son mari, Aida est redevenue elle-meme, gaie et souriante. Son couple a pu retrouver son intimite et sa complicite, et au boulot ses collegues la reconnaissaient enfin avec sa bonne humeur et son envie quasi masochiste de bosser.
Mais qu'avait donc Aida?
En tout cas, elle, ne vous le dira Jamais. Car c'est h'chouma, c'est la honte.
De nombreuses femmes au Maroc comme ailleurs, ont souffert ou souffrent du meme probleme que Aida. L'incontinence urinaire chez la femme, est une maladie tres frequente (2femmes sur10!) qui reste tabou, et qui deteriore gravement la qualite de vie des patientes et leur etat psychique.
Pourtant la maladie en elle meme n'est pas mechante, un traitement medical ou une reeducation ou s'il le faut un petit geste chirurgical (qui ne laisse pas de cicatrices visibles) suffit pour guerir completement ces patientes, sauf dans certains cas ou des copmlications ou des recidives peuvent survenir.
Ce qui est impressionnant (et regrettable aussi), c'est que ces femmes, comme dans l'exemple de Aida, preferent affronter leur mal toutes seules et vont se faire operer en catimini, sans que personne ne le sache, ni mari, ni parents, et ce meme apres la reussite de l'operation!
Malheureusement, ces femmes ne sont pas toutes independantes financierement ou n'ont pas toutes la chance d'avoir un mari comprehensif et patient (fictif) comme celui de Aida. Pire encore, dans certaines regions rurales, les femmes malades ne vont jamais consulter et choisissent -par ignorance- de vivre (si on peut appeler ca vivre) avec des couches "cachees" sous leurs djellabas(...) Pour elles cette maladie est une fatalite contre laquelle on ne peut rien faire!
Mais revenons aux grandes villes pour l'instant, aux CHU meme, quand on sait l'absence flagrante et du soutien psychologique et des assistantes sociales dans une societe qui en a le plus besoin, on se demande si nous au maroc, on ne fait pas une mi-medecine qui ne sert qu'a guerir des symptomes et des maladies peut etre, mais qui est loin de procurer un etat de bien-etre au patient.